May 5, 2020 by Huues Aubin et Alexandre Rousselet

Communiqué Pandémie

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Dans le contexte de lutte contre la pandémie de la Covid-19, le spectaculaire essor des Fablabs Français de ces 10 dernières années à trouvé une expression plus tangible qu’une simple série de points sur une carte.

Partout, des “Makers” ou “Citoyens Fabricants”, sont venus en aide aux personnels soignant. Dans un temps record, ils ont conçu, fabriqué, distribué des masques, des visières, des pousse-seringue, des respirateurs … Ils ont su établir des écosystèmes de confiance et impliquer l’ensemble des parties prenantes : collectivités, PME, industriels, CHU, Chambres Consulaires, …

Si les indicateurs quantitatifs de cette contribution restent à construire, ce mouvement de solidarité sans précédent a révélé des alliances locales inédites, créées dans un esprit collaboratif et dans le souci du bien commun, et ce principalement autour d’ateliers existants (Fablabs, Tiers-Lieux, …). Il a débouché sur des valeurs ajoutées culturelles et sociétales, parfois économiques, majeures. Rarement l’importance du « bien commun » et la haute technicité de la communauté des « Makers » n’auront ainsi été aussi largement révélées.

Ce fait sans précédent s’inscrit dans un intervalle de temps de quelques semaines. Temps si précieux quand il est question de bloquer la dissémination d’un virus. Dès lors, c’est tout le cadre habituel des échanges commerciaux dans le domaine de la santé et de la réglementation qui s’y rapporte qui s’est trouvé « suspendu » dans un premier temps, « adapté » dans un second temps.

L’urgence passée – temporairement ? - le cadre habituel reprend ses droits. Il est à l’origine de grandes tensions entre le monde des “Makers” ou “Citoyens Fabricants” et les institutions garantes du cadre réglementaire. Ces tensions alimentent le sentiment de défiance généralisée des citoyens vis-à-vis des pouvoirs publics, des journalistes, des intellectuels, … On sait les conséquences dévastatrices de cette défiance. Tous ces éléments convoquent une prise de position pour le Réseau Français des Fablabs.

Le Réseau Français des Fablabs pose donc dans sa feuille de route des 5 années à venir une expérimentation/action autour de pôles territoriaux de référence. Ces derniers, pensés comme des écosystèmes de confiance, vont s’appuyer sur des initiatives récentes liées au Coronavirus ou seront activés en fonction d’opportunités locales dans le domaine de la santé.

Leur rôle sera de consolider ce qui s’est construit de façon empirique lors du pic de la pandémie de la Covid-19 : conception, identification et documentation de modèles de référence, mutualisation des achats de matières premières et de machines, mobilisation de PME, Collectivités, associations, établissements de soins, soutien à des initiatives de collectifs ou groupes de Makers, etc.

Une attention particulière sera portée à la certification des produits. Une des difficultés posées par les fabrications locales et agiles de ces dernières semaines est liée aux lourdeurs, aux coûts et aux délais qu’imposent les processus normatifs et certifiants centralisés. Il faut donc expérimenter des approches territoriales et les articuler avec les réglementations nationales et internationales. Sur ce point, le Rfflabs s’inspirera des opportunités offertes par les badges-ouverts et les systèmes participatifs de garantie. L’essentiel étant de constituer le cadre adapté à l’instauration de relations de confiance entre l’utilisateur des objets et son/ses fabricants.

Ces pôles doivent créer les conditions d’une meilleure intégration, valorisation et protection de l’action des « Makers » ou « Citoyens Fabricants » dans le secteur de la production de biens liés au secteur de la santé.

Ils doivent aussi permettre de libérer, partager et rendre légalement opérantes de nombreuses solutions inventées, améliorées et diffusées en continu dans un écosystème ouvert. La mise en réseau de ces pôles permettra de développer des actions à la fois structurantes et rapides d’envergure géographique nationale voire internationale.

Ils doivent contribuer à l’économie locale, à la résilience des territoires et nourrir la bibliothèque internationale des biens communs. Trois valeurs qui fondent largement le mouvement des Fablabs.

Matthieu Debar / Mateï Gheorghiu / Hugues Aubin – 27 mai 2020

P.S. Ce communiqué a été soumis au vote du Conseil d’Administration du Réseau Français des fablabs du 8 juin 2020, qui l’a approuvé.